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lourdes demandées aux asset managers pour montrer leur caractère durable sont, à ce jour, encore décalées par rapport à ce qui est imposé aux émetteurs. Cela pose de nombreux problèmes de fiabilité et de compa- rabilité de leurs données.
C est pourquoi l AFG est très favorable à la mise en place d un standard de reporting ESG européen et au projet de l ESAP (European Single Access Point). Par ailleurs, les prestataires de données financières et extra-finan- cières doivent être plus transparents dans leur métho- dologie et leur tarification. C est l objet d une position que nous avons publiée avec Paris Europlace cet hiver et que nous promouvons, notamment dans le cadre de l Efama et de PensionsEurope, dont j ai repris la vice-présidence en novembre dernier.
Comment les investisseurs peuvent-ils accompagner la réindustrialisation ?
Lorsque nous avons travaillé sur le label Relance avec le ministère de l Économie, des Finances et de la Relance, nous avons vu que notre modèle était fragilisé et avait besoin d investissements pour financer une relance et une transformation de notre économie. Le label Relance permet de mettre le projecteur sur des fonds qui inves- tissent dans des entreprises localisées en France et de financer des entreprises qui se développent et créent de l emploi en France. Cela permet aussi de répondre au besoin des épargnants de donner du sens à leur épargne. Le label Relance illustre ce que peuvent faire les gérants d actifs dans leur rôle d intermédiaire entre les épar- gnants et l économie. Au niveau européen, nous travail- lons beaucoup sur le projet ELTIF (European Long Term Investment Fund) qui poursuit aussi l objectif de financer les actifs réels, notamment les PME et les infrastructures.
De quelle manière l AFG se mobilise-t-elle en faveur de l épargne en actions ?
Beaucoup de choses ont été faites depuis cinq ans pour rétablir une fiscalité qui était pénalisante pour les actions et n était pas incitative pour l épargne longue. Par exemple, le prélèvement forfaitaire unique (PFU) permet de retrouver une égalité de traitement avec d autres pays européens sur la fiscalité liée aux plus- values et aux dividendes. Ce que l on constate malheu- reusement, c est que l investissement en actions, via le PEA, par exemple, est encore réservé à une élite des épargnants par rapport à d autres pays où elle est plus démocratisée. Nous allons continuer à faire des proposi- tions d évolution sur ces produits pour les rendre plus attractifs. L épargne contribue au pouvoir d achat des ménages. En effet, le pouvoir d achat, ce n est pas seule- ment du court terme, c est aussi du long terme pour
financer ses projets : l achat de son logement, l éduca- tion de ses enfants ou sa retraite, par exemple.
Quel rôle les distributeurs, banques et CGP, peuvent-ils jouer dans la réallocation de l épargne ?
Le conseil individualisé est la clé pour accompagner les épargnants dans leurs projets. Aujourd hui nous avons un modèle continental de rémunération des distribu- teurs à partir des commissions prélevées sur les fonds. C est un modèle qu il faut absolument conserver. La Retail Investment Strategy de la Commission euro- péenne remet ce modèle en question avec une révision à venir de MIF. Il existe d autres modèles, tel que celui basé sur les honoraires payés directement au distribu- teur par le client, comme en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, qui privent les épargnants modestes de conseil. C est très grave. L AFG s est associée avec les représentants des gérants et des distributeurs de trois autres pays européens pour demander à KPMG une étude sur les deux modèles. Les conclusions sont claires : les deux ont les mêmes coûts pour les clients, mais le modèle reposant sur des commissions, plus inclusif, per- met aux épargnants, quel que soit leur patrimoine, de bénéficier d un conseil personnalisé.
La crise sanitaire a-t-elle eu un impact sur la réglementation ?
En 2021, nous avons pu dresser un bilan de l impact de la crise sur notre métier. Celui-ci a été très résilient pen- dant cette période compliquée, aussi bien sur sa capaci- té à s organiser que sur la qualité de la gestion et le fonctionnement des fonds. Notamment les fonds monétaires, qui avaient subi des retraits importants pour faire face au besoin de liquidité des clients, investis- seurs institutionnels et entreprises au début de la crise de 2020. Les fonds français ont pu passer la crise sans blocage pour leurs clients grâce au travail réalisé par les acteurs de la Place pour améliorer les outils de gestion du risque de liquidité et préparer encore mieux les fonds en cas de nouvelle crise. Nous avons aussi finalisé la réforme des side pockets, notamment sur le plan fiscal.
La révision de la directive AIFM est en cours. Nous consi- dérons qu elle n a pas besoin de retouche majeure, sauf sur quelques points ciblés, comme les outils de gestion du risque de liquidité qui doivent se généraliser, et aussi la possibilité pour les sociétés de gestion de pouvoir continuer à exercer des activités accessoires à la gestion.
Enfin, côté fiscalité, nous devons, là aussi, faire face à une multitude de textes européens à décrypter, tout en veil- lant à ce qu ils prennent bien en compte les spécificités des OPC : DAC 6, ATAD, FATCA